Im Da Ni était un garçon ordinaire qui n’avait rien de particulier pour se démarquer, il s’était toujours fondu dans la masse avec facilité et n’avait jamais cherché à se montrer, étant plutôt d’une nature timide, discrète, introvertie et calme. Si bien que ses parents n’avaient rien à redire sur le comportement de leur fils qui ne leur avait jamais causé du tort. Au contraire il avait effectué jusque-là un parcours sans faute, impeccable même dont tous parents se seraient retrouvés on ne peut plus satisfaits. D’ailleurs ce n’est pas le voisinage qui aurait démenti tout cela. Si vous auriez voulu confirmer ces propos en allant les interroger, ils vous auraient d’abord répondu « Im Da quoi ? » puis après plus d’informations sur le jeune homme, ils vous auraient déclaré que malgré sa personnalité introvertie et discrète, il était quelqu’un de gentil, poli et bien élevé.

Da Ni n’était pas très bavard et avait toujours manqué de l’enthousiasme habituel des jeunes de son âge mais il avait toujours été ainsi, il avait toujours une maturité plus développée que les gens de son âge et cela se ressentait dans son comportement et sa manière de penser, si bien qu’il lui était difficile de se mélanger aux autres et faire des sorties avec eux. Da Ni avait toujours était un solitaire et il se complaisait dans cette solitude qui selon lui n’était pas une mauvaise chose car cela ne faisait de mal à personne.
Ses parents quant à eux ne le lui reprochaient pas vraiment cette personnalité solitaire, ils préféraient savoir leur fils plus sérieux qu’il ne fallait au lieu d’être un fêtard invétéré. De plus ils étaient habitués maintenant que Da Ni soit de la sorte.
Depuis son plus jeune âge il avait manifesté cette personnalité et ce n’est pas maintenant qu’ils auraient pu le changé. De toute façon pourquoi le changer ? Il n’y avait pas énormément à lui reprocher, il avait fait jusque-là un très bon parcours.
Enfin si, il y avait un petit truc que ses parents essayaient de changer mais Da Ni ne semblait aucunement prêt à concéder sur ce point. Cette chose en question c’était le nombre d’heures qu’il pouvait passer derrière un PC.
Des heures il en passait des tonnes chaque jour, durant lesquelles il jouait à des jeux en ligne. Les jeux-vidéos étaient très vite devenu un véritable hobby pour Da Ni, même une passion qu’il avait adopté dès son plus jeune âge, soit en âge de pouvoir lire car très vite il avait compris le fonctionnement d’un ordinateur.
D’ailleurs sa mère lui avait toujours raconté que lors de son premier anniversaire, l’objet qu’il avait saisi parmi ceux posés sur la table (telle le voulait la tradition) était une souris d’ordinateur, ce qui traduisait que la destinée de Da Ni était confrontée au domaine de l’informatique. Et en effet le jeune homme avait très tôt développé un fort intérêt pour tout ce qui concernait l’informatique. C’était un monde dans lequel il se sentait à l’aise et parfaitement maître.

D’ailleurs le Da Ni timide et effacé se métamorphosait totalement derrière son écran d’ordinateur.
Adepte des jeux vidéo en ligne, il jouait à beaucoup d’entre eux si bien que le pseudonyme DK. qui voulait dire Dark Knight n’était plus inconnu des joueurs affirmés voir même des moins affirmés. DK. était devenu en très peu de temps une sorte de légende des jeux vidéos en ligne, il était reconnu comme un surdoué en la matière et impressionnait par ses performances épatantes. D’ailleurs il fut très vite repéré dans le monde du gaming et commença même à participer à des compétitions. Il participa notamment à des compétitions mondiales de Starcraft qu’il gagna haut la main mais s’essaya également à d’autres jeux en ligne, prouvant encore et toujours son talent réel pour n’importe quel type de jeux vidéo.

Derrière un écran Da Ni devenait le redoutable DK., un joueur avec qui il valait mieux éviter la confrontation si vous ne souhaitiez pas être terrassé sur le champ.
DK. le surdoué était en particulier reconnu pour son extrême sang-froid, ruse, perspicacité et insensibilité. Il était également un joueur sûr de lui et arrogant ce qui n’avait rien à voir avec la personnalité habituelle du jeune homme timide et peu confiant qu’était Da Ni.
DK. et Da Ni étaient en quelques sortes deux entités bien distinctes, comme s’il s’agissait en réalité de deux personnes différentes. Jamais dans la vraie vie Da Ni n’aurait adopté le comportement de DK. et jamais derrière son écran d’ordinateur DK. n’aurait adopté le comportement de Da Ni. Chaque rôle avait été bien déterminé comme si tout avait été calculé comme DK. avait l’habitude de faire dans les jeux vidéo.

« Nous proclamons de nouveau vainqueur le joueur DK. !! »

Des acclamations et des applaudissements retentirent dans le complexe tandis que j’avançais timidement vers les organisateurs pour récupérer le trophée que j’avais mérité. Aujourd’hui avait eu lieu le championnat mondial de Starcraft. En tant que joueur expérimenté, j’avais encore décidé d’y participer, de toute façon on comptait sur ma présence, mon talent ayant été très vite repéré. Et de nouveau j’avais remporté le premier prix. Je me sentais fier, j’aimais le fait de pouvoir me dire que toutes ces heures passées devant mon écran n’étaient pas vides de sens et pour une fois se sentir reconnu des autres sans devoir trop s’exposer comme il fallait le faire en général dans la vie quotidienne me satisfaisait.

Je rassemblai mes affaires tandis que le complexe ne cessait de se vider. Le championnat était terminé et il était temps pour moi de rentrer. Je mis mon sac sur l’épaule et m’apprêtait à partir lorsque quelqu’un me héla. Je m’arrêtai et allai le voir pour savoir ce qu’il me voulait :

-Beau match. Il s’agissait de l’organisateur de cet évènement, je m’en voyais donc davantage honoré.
-Je vous en remercie.
-Tu as déjà eu ton prix mais parce que tes performances m’ont particulièrement impressionné aujourd’hui, j’aimerai te donner une autre récompense. Je ne sais pas si tu en as entendu parler mais il s’agit d’un nouveau jeu, le système de jeu est d’ailleurs révolutionnaire. Je pense que cela pourrait te plaire de ce fait, je tiens à t’en donner un exemplaire.

L’organisateur me tendit une boîte qui contenait ce jeu dénommé « Sword Art Online », un jeu dont on parlait énormément ces derniers temps sur les sites spécialisés dans le jeu vidéo. D’ailleurs la sortie de ce dernier était vraiment attendue et si je ne me trompe pas elle était prévue pour aujourd’hui.

-Je vous remercie monsieur mais vous ne le gardez pas pour vous ?
-Je préfère laisser un joueur tel que toi faire ses preuves, je suis meilleur organisateur que joueur.
-Merci encore alors…
-J’espère te revoir à la prochaine compétition DK.
-Je ne la manquerai pas.
-J’y compte bien. A bientôt.

Vingt minutes plus tard, j’arrivai chez moi. Chacun des membres de ma famille vaquait à ses occupations, je décidai donc de faire de même avec grand plaisir. J’étais curieux de pouvoir tester ce jeu donné par l’organisateur, je voulais savoir pour quelles raisons les journalistes n’avaient cessé d’en parler et cela même avant sa sortie. J’ouvris la boîte et en sortit un petit appareil dénommé NerveGear. J’allai m’installer dans mon lit, plaça l’objet sur ma tête et initiai le jeu.

Je ne comprenais pas ce qu’il se passait, j’avais pourtant bien ouvert le menu, mais où se trouvait donc l’option « quitter le jeu ? ». Alors que je m’entêtai à trouver cette fameuse option disparue, une lumière bleue m’enveloppa et m’aveugla. Lorsque la lumière se dissipa, je vis que je me trouvais désormais sur la grande place et que d’autres joueurs y étaient également. Pourquoi étions-nous tous réunis? Et qui était donc ce drôle de type là-bas dans les airs ? Sûrement le boss ultime.
Le personnage dissimulé par sa cape, nous déclara que la disparition de l’option « quitter le jeu » n’était pas due à un disfonctionnement. Et qu’il ne valait mieux pas retirer notre NerveGear si on ne souhaitait pas mourir. Il nous annonça également qu’il fallait veiller à ses points de vie car la résurrection ne fonctionnait pas comme dans les jeux ordinaires. Dans ce jeu-là, lorsque les points de vie tombaient à zéro, cela signifiait la mort du joueur. Et enfin il nous révéla que le seul moyen de quitter le jeu était de le finir puis nous invita à consulter notre inventaire.
Je m’exécutai donc et en sortit un miroir que je m’empressai de consulter. Une nouvelle lumière aveuglante m’enveloppa puis s’estompa aussi vite mais contrairement à la lumière d’auparavant, je demeurais au même endroit et rien ne me paraissait différent. Quelque peu déçu, je consultai de nouveau le miroir mais ce que je vis dedans me fit sursauter. Le reflet n’était pas celui de mon personnage en 2D mais le mien ! Je regardais les autres joueurs et constatais qu’ils n’étaient plus des personnages en 2D eux non-plus mais bien des personnages humain.
J’observais ce travail unique et magnifiquement bien réalisé avec fascination. Jamais je n’avais vu de telles techniques déployées dans un jeu, le réalisme en état même presque déstabilisant, heureusement que je n’avais pas mal d’expérience dans le domaine pour savoir que ce jeu en demeurait un et qu’il fallait prendre au second degré ce que le boss ultime avait dit.
Je m’équipai de mes chaînes tandis qu’un sourire se dessina sur mes lèvres : « le jeu ne vient que de commencer. »

Cela faisait un petit moment, que je me trouvais dans le jeu, j’avais bien progressé et n’avais pas hésité à supprimer les joueurs qui se mettaient sur ma route. Je n’avais pas compris pourquoi mais après avoir tué 4 joueurs, mon icône verte au départ, devint orange. De ce fait quand je me rendais en ville ou autre, les joueurs cherchaient à m’éviter. Je ne comprenais pas pourquoi ces imbéciles prenaient ce jeu autant au sérieux, rien n’était réel ! Certes tout portait à y croire mais non, c’était bel et bien faux. D’ailleurs cette histoire de mort des joueurs pour de vrai n’était que bêtises. J’étais persuadé d’avoir revu un joueur que j’avais pourtant tué.

Il y avait tout un groupe et ils convoitaient ce que je me devais de récupérer afin de réussir ma mission. Joueur dans l’âme, je ne pouvais pas les laisser s’emparer de mon bien, je me devais de les réduire en miettes. Alors qu’ils étaient distraits par l’objet en question, j’arrivai silencieusement et commençai à exterminer les membres du groupe. Il n’en restait plus qu’un mais à la vue de cette personne, je ne fis rien encore.

-Oppa ?! C’est toi ?! Pourquoi tu as fait ça ?! Tu es fou ?!!!
-Hyeri ?! Mais qu’est-ce que tu fiches ici ?! Depuis quand tu joues aux jeux vidéos ?!

Il s’agissait de ma petite-sœur Hyeri, une gamine que je n’aurais jamais soupçonné jouer aux jeux vidéo, elle qui semblait plutôt faite pour les barbies.

-Je suis ici parce que moi aussi je joue à ce jeu ! Mais Oppa pourquoi tu les as tué ?! Tu as compris au moins la gravité des choses ?!
-Quelle gravité ? Hyeri, je comprends que tu n’ais aucune expérience concernant les jeux vidéo mais tu sais pour pouvoir progresser, il ne faut pas hésiter à tuer les joueurs gênant.
-Oppa… Ce n’est pas un jeu mais la réalité ! Tu as tué ces joueurs pour de vrai !!
-C’est ce qu’on veut nous faire croire ! Et je vais te le prouver.
-Quoi ? Non Oppa, ne tue plus !

J’ignorai ses plaintes et me mis en position d’attaque. Je dirigeai l’une de mes chaînes vers Hyeri qui n’avait pas prévu cette attaque. La chaîne tel un sabre, transperça la transperça de plein fouet dans l’abdomen.

-O… Oppa…

Elle tomba sous l’impact tandis que sa barre de vie était au plus bas.

-Tu verras ta barre de vie remontera petit à petit. Mets-toi ça en tête Hyeri, il s’agit bien d’un je…

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase que le personnage de Hyeri se mit à se distordre, puis explosa en un nuage de pixels bleus. Je me dis qu’elle allait réapparaître d’ici quelques minutes après avoir accepté la résurrection. Je décidai donc de l’attendre ici.

Quinze jours, je l’avais attendu quinze jours à cet endroit et elle n’était jamais réapparue… Les joueurs de son groupe non plus n’étaient jamais revenus… J’aurai pu penser qu’ils avaient tout simplement décidé d’abandonner le jeu, effrayés par ce réalisme et découragés par le challenge mais je n’arrivais pas à y croire, ils ne pouvaient pas tous sans exception pouvoir avoir abandonné… Si ?
C’est alors que je compris… Trop tard certes mais je compris enfin… J’étais dans le faux depuis le début, Hyeri avait raison, ce jeu n’était pas un jeu… c’était la réalité et j’avais donc tué ces gens et… ELLE !!
Je m’écroulai au sol et me mis à le frapper de toutes mes forces, je criais tandis que les larmes coulaient à flot le long de mon visage. Je maudissais ma stupidité, maudissais mon arrogance. J’avais tué ma propre petite sœur mais également ces pauvres gens qui avaient eu le malheur de se trouver sur ma route. Je commençais petit à petit à sombrer dans le désespoir, j’étais devenu un monstre et le retour à la réalité était douloureux. Il fallait que j’y remédie.
Je partis me réfugier dans un donjon que j’avais seul auparavant, l’endroit me sembler parfait pour me reclure et me retrouver seul, loin de tout le monde. J’étais une menace, il valait mieux que je reste seul. Je m’enchaînai à une stèle et demeurai là.

Je ne sais pas combien de temps, je passais reclus dans cet endroit mais cela me permis de me ressourcer. Je m’étais profondément remis en question, toute ma manière de jouer, d’être… J’avais pu remettre mes idées en place et réaliser la gravité de la situation. Je me sentais encore responsable et ce sentiment n’allait pas disparaître aussitôt même jamais. Cependant je me devais de vivre avec ce fardeau, j’en étais complètement responsable et je me devais de le supporter, se cachait était trop faible et lâche. Je ne voulais plus l’être. Il était temps d’agir comme un homme. Je défis mes chaînes et sortis.

Le nouveau DK. renaissait de ces cendres. Certes plus torturé que jamais mais également beaucoup plus muri. Plus jamais le sang coulerait par sa faute, il en avait fait la promesse pour honorer la mémoire de sa sœur.

Da Ni au départ ne prenait pas SAO au sérieux. Il était persuadé qu’il s’agissait bien d’un jeu et que rien n’était réel. Il avait toujours considéré les jeux vidéo comme étant une très bonne chose et n’y avais jamais vue une menace. Or suite à la mort de Hyeri, Da Ni a compris que même les jeux vidéo pouvaient être nocifs et dangereux. Désormais il a conscience de la gravité de la situation et n’est pas prêt à faire couler le sang de nouveau, la disparition de Hyeri l’a suffisamment traumatisé.
Il espère pouvoir finir le jeu et se retrouver en face à face avec le Cardinal pour exiger qu’il arrête ce jeu et lui ramène sa sœur. Il est davantage déterminé à finir le jeu mais contrairement à avant, il n’évoluera pas aux dépends de la vie des joueurs.