Ce jeu était bizarre, étrange... Si réel. C'était dur de ce dire que nous n'étions tous que dans un monde virtuel. Pourtant c'était bel et bien le cas. Sinon je n'aurais pas cette arme ni cet accoutrement, évidement ! Ah... Quelle idée j'avais encore eu de me glisser dans une telle aventure. Une chose est sûre c'est que j'aurais des histoires à raconter à mes gosses, plus tard, quand je les borderais. Je voyais la scène depuis là. Un jour, j'écrirais un livre que j'intitulerais "L'histoire d'un geek" où j'y inscrirai ma connerie et mes coups durs. Mais pour cela, il faut déjà que je sorte d'ici. Cent niveaux ? Facile quand on est derrière son écran à pianoté les touches de son clavier et utiliser la souris pour cliquer sur les potions magiques qui vous font revivre. J'étais la meilleure à ce jeu là, j'avais toujours mes potion sur moi, j'étais pas une attaquante, jamais. L'attaquant, dans l'équipe, c'était Tae Sun. Mais je n'allais pas l'emmener dans cette aventure avec moi. Pas cette fois. Il fallait que je me détache de ce mec qui, je dois l'avouer, me tue à petit feu. J'étais là pour obtenir une seconde vie, ou du moins vivre quelque chose de formidable. C'est pour cela que malgré les regrets et les coups durs que pouvaient nous procurer ce jeu, j'étais tout de même heureuse. Mon sourire ne me quittait pas, et puis, je n'avais pas plus de raisons de me plaindre qu'un autre... Nous étions tous dans la même galère. Tous à la recherche du niveau ultime, de la porte de sortie ! Je me reprenais à me remotiver toute seule, ma parlant parfois à moi même - comme quoi la folie peut toucher n'importe qui. Mes soeurs et mes parents, je pensais à eux. Tae Sun ? Un peu... Mais j'avais surtout peur qu'il vienne dans ce jeu, lui aussi. Il était tellement bête qu'il serait capable de le faire. Mais il ne fallait pas. J'étais bien sens lui. Pour la première fois depuis qu'il était arrivé, je me sentais libre comme l'air. Je n'avais plus à me soucier de lui, ou de ses petits problèmes. Il en avait toujours à m'en raconter. Bizarrement, à croire que parfois il le faisait exprès, c'était des problèmes d'amour. Alors vous ne pouvez même pas vous imaginez à quel point cela me faisait du bien de respirer un peu, de vivre ma vie sans être collée à quelqu'un. Même si ma vie, pour le moment, n'était qu'un jeu.

J'étais encore un peu perdu, je me promenais dans les niveaux, à la recherche de personnes, de coéquipier. J'essayais d'esquiver au mieux les combats, histoire de garder mes points de vie. C'est dur de se dire que notre vie s'arrête si le compteur est à zéro. J'avais l'impression d'avoir été projeter dans la peau de Justin Timberlake dans Time Out, le héro du compteur ! Bon, mon but n'était pas exactement le même que lui, mais vu le lieu, les vêtements et l'arme que j'avais, j'étais en toute légitimité de me faire passer pour une super héroïne non ? J'arrivais dans des endroits assez étrange. Adieux la vielle, bonjour les fleurs. Et moi qui pensais trouver quelqu'un pour passer un peu de temps... J'avançais sans but précis chantant une chanson à tu-tête. Je chantais mal, terriblement faux, mes soeurs ne cessaient de me le rappeler, mais là, il n'y avait personne, c'est exact ? Je profitais de ce moment en tête à tête avec moi-même pour me lâcher un peu. Cela faisait un moment que je n'avais pas eu un moment de solitude. Normalement, je fais ça dans la salle de bain - ou dans ma chambre mais la salle de bain je peux me fermer à clé, donc c'est mieux. Musique à fond, je mime des gestes de guitares... Bref, ce n'était pas quelque chose à voir. Je ne le souhaite à personne. Je m'étais embarquée dans un action stupide, je dois l'avouer. Voire toute ces fleurs, respirer cet air me donnait envie de faire cette fameuse scène de film où le demoiselle se met à tourner sur elle même en gloussant. Bon je mettais mon rire de côté pour le substituer à un petit air de musique classique - je ne serais vous dire laquelle. Malheureusement pour moi, alors que la jeune fille était censé retombée dans les bras d'un beau jeune homme, je me pris les pieds dans quelque chose et tomba à même le sol... Prenant soin de bousculer quelqu'un au passage. C'était un jeune homme. Je me relevai rapidement et lui tendis la main afin de l'aider :

« Excusez-moi, je suis désolée, est-ce que ça va ? »

Avec un cri digne d'un film d'horreur, le monstre s'évapora en petit pixel bleuté dans le ciel, avant de carrément disparaitre. Une fenêtre blanche apparut, contrastant avec la silhouette, toute de noir vêtue, devant laquelle elle venait d'apparaître. « Félicitations, vous venez d'obtenir 25 cols. Vous obtenez aussi une épine » voila ce qui y était écrit. Replaçant sa rapière dans son fourreau, le jeune homme ferma d'une main assurée la fenêtre. Il passa le dos de sa main sur son front, geste qu'il s'était habitué à faire après un match d'escrime. Dans la réalité, sa main se serait retrouvée humide, voir même couverte de sueur, mais dans ce monde, il n'y avait pas de fluides naturels. Pas de nez coulant en hiver, pas de sueur lors d'exercices, les larmes existaient cependant. C'était peut-être pour cela qu'il aimait tant se battre seul. Son pouls augmentait, il avait l'impression de faire de l'exercice, mais le fait qu'il ne sue pas lui rappelait que c'était un monde virtuel. Si certains pensaient que le fait de ne rien voir rendait le monde moins réel, ils avaient tort, et à un tel point que ça en était drôle. Ils pouvaient voir tout, que ce soit les merveilles que le monde avait à offrir, de même que les dangers. Or, Ina ne le pouvait pas. Pour lui, tout n'était que noir. Et pourtant, tous les enfants pourront vous le dire, il n'y a rien de plus effrayant que de ne pas pouvoir voir. Chaque bruit pouvait être un danger pour lui, il ne pouvait pas savoir ce qui se déroulait autour, il était plus vulnérable que quiconque. Le fait de ne rien voir le forçait à être sur ses gardes presque en tout temps. Sa réalité, c'était les bruits qu'il entendait sans les voir, les impressions qu'il avait en se déplaçant. Sa réalité, c'était simplement d'être une proie. Et cette réalité ne différait pas de celle des autres joueurs.

D'une main assurée, il fit apparaitre le menu d'un coup de main, et accéda sans difficulté à son inventaire. Quiconque aurait pu jurer qu'il voyait ce qu'il savait puisqu'il n'y avait aucune hésitation dans ses gestes. Il fit apparaître une petite fiole de liquide rouge qu'il porta à ses lèvres pour le vider d'une traite. Alors que la bouteille s'évaporait en pixel à son tour, Hee Na entendit un bruit horrible au loin. Enfin, horrible était peut-être un peu méchant, mais disons que c'était un son désagréable qui, plus il se rapprochait, plus ressemblait à la voix d'une jeune femme qui ne savait -évidemment- pas chanter. Voyant sa zone d'entrainement envahie par un bruit aussi désagréablement distrayant, il décida de partir. Il allait aller chez son vendeur favoris pour voir, enfin, discuter des objets qu'il avait reçu récemment. C'était ça son plan. Sauf qu'évidemment, il fallait que quelque chose vienne se mettre dans son chemin, que quelque chose vienne interrompre ses plans. Il avait entendu la voix s'approcher, devenir de plus en plus forte, et de plus en plus fausse. Et... BAM. La voix s'arrêta au contact du visage de la demoiselle et du torse de l'épéiste. Propulsé au sol, Hee Na soupira avant de se relever, ignorant la main que la brunette lui tendait. Évidemment, il l'aurait pris s'il avait seulement pu la voir. Mais même s'il avait des sens et une compréhension de l'espace au delà de la moyenne des gens, il n'était pas pour autant un devin capable de tout sentir. « Excusez-moi, je suis désolée, est-ce que ça va ? »

Devinant plus ou moins la position de la demoiselle grâce à sa voix, il se tourna légèrement pour lui faire face. Il avait beau penché son visage vers le bas, ayant déduis qu'elle était plus petite que lui, il était encore beaucoup trop haut. Loin d'être fixé sur son visage, son regard inutile était plutôt placé sur le haut de sa tête. « Oui ça va. Je suis désolé aussi. J'aurais du me tasser pour nous éviter cette collision. » Il fit alors un sourire qu'il voulait rassurant au front d'Eun Ji.

C'était bien mon genre d'être aussi maladroite, même dans un champs de fleurs où personne ou peut de monde se retrouvait dans ma sphère vitale, même dans ce cas là, je trouvais le moyen de percuter quelque chose. Dans le cas présent, un grand jeune homme. Je pensais l'avoir contrarié, premièrement, étant donné qu'il n'avait pas pris la main que je lui tendais poliment. Chose que j'aurais parfaitement comprise. Ce n'était pas la première fois que je me cognais contre un parfait inconnu, et certainement pas la dernière au passage. Par la suite, lorsqu'il se releva et porta son regard dans ma direction, je me rendis compte que quelque chose n'allait pas. Surtout que toutes ces réactions laissait à croire qu'il n'était pas si contrarié que cela, qu'il ne m'en voulait pas... Il n'avait pas du tout l'air désagréable, bien au contraire. Son sourire et ses paroles me rassuraient. J'étais soulagée qu'il n'est rien, même si il n'y avait pas vraiment de raisons de s’inquiéter. Le problème ? Il ne me regardait pas dans les yeux, ni ses pieds... Mais mon front. Je souris gênée. Comment l’interpellé vis à vis de cela, surtout que.. Je ne comprenais pas vraiment la raison de ce regard fixé sur mon front. Un obsession pour cette parie de corps ? C'était plutôt original. Directement après sa réplique, je rigolai simplement. Était-ce une bonne idée de partir sur de l'ironie ou une de mes plaisanterie mal placée afin de répondre à un parfait inconnu ? Je n'en savais rien, j'étais hésitante, peur de faire une seconde boulette peut être, mais sa réplique donnait à faire !

« Vous tassez ? Non, non, c'est ma faute, la prochaine fois je regarderai où je vais... J'ai des yeux faut bien que je m'en serve non ? »

Mes yeux n'avaient pas quitter les siens qui eux n'avaient pas quitter mon front. Je commençais à m’interroger... Étant très attentive à mon physique, j'imaginais que ma frange était mal mise... Oui, je suis un peu superficielle sur les bords. Une fille ? Oui ! Je portai donc ma main à ma mèche afin de la remettre en place les « mèches rebelles » avec cette fameuse technique du bout des doigts. Mais tout m'avait l'air en place... Lui n'avait toujours pas régit. Il fixait toujours mon front. Est-ce qu'il y avait un bouton, une tâche... Pourtant, plus je le regardai – et je pensais que mon regard pouvait se sentir à force d'être insistant – je me rendais compte que quelque chose l’absorbait. Peut être était-il absent. Je l'interrogeai donc :

« Est-ce que j'ai quelque chose sur le front, ou sur la tête ? Quelque chose ne va pas ? »

J'avais toujours le sourire aux lèvres, c'était primordial. Je me demandais bien ce que ce grand jeune homme avait... Pourquoi avais-je eu cette mauvaise idée de m'absenter quelques instants afin de profiter de la solitude... Je me rendait compte, à présent, qu'être trop plongée dans mon petit monde - ou même ce mon virtuel - n'était pas la meilleure chose...